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Bonjour Albert,

Dans mon rêve de la nuit dernière, j’ai traversé un désert aride et brûlant. Les dunes de sable étaient de véritables montagnes qui semblaient se déplacer, se transformer en monstres effrayants. La chaleur était si intense que je pouvais sentir le sable brûlant à travers mes chaussures. Pourtant, le soleil était absent, remplacé par un immense halo orangé qui voilait le ciel.

Des mirages apparaissaient au loin, puis se dissipaient sous mes yeux. Je discernais les contours de villes, de sources d’eau, de forêts, mais chaque fois que je m’en approchais, elles s’évanouissaient en poussière.

À bout de force, j’ai fini par m’effondrer à genoux. Mais tout à coup, une pluie douce a commencé à tomber, chaque goutte s’évaporant aussitôt sur le sable brûlant. Au milieu de cette pluie miraculeuse, une sensation de paix m’a envahi.

Au réveil, ce sentiment s’est estompé, laissant place à une curiosité intense. Qui étais-je dans ce désert? Pourquoi m’y est-ce que je m’y trouvais ?

Avec ma sincère gratitude, Albert, pour la lumière que vous pourriez jeter sur ce rêve.

Nour

Cher Nour,

Votre rêve nous embarque dans une traversée du désert, énigme galopante de notre existence terrestre. Laissons les voiles du mystère se lever pour distiller la précieuse liqueur de son message.

Le désert, ce paysage aride et sans vie apparente, est l’expression de la solitude, de l’isolement. Il n’est pas sans rappeler la quête de l’ermite, s’éloignant du tumulte de la société pour atteindre une vérité intérieure. Vous y êtes, traversant ce no man’s land intérieur fait de doutes et de questionnements.

Ces dunes qui se métamorphosent en monstres, représentent à n’en pas douter, des peurs ou des angoisses profondes. Elles symbolisent les obstacles que nous devons franchir, changer, et finalement apprivoiser. Atmosphère brûlante, c’est une émotion intense et puissante qui consume votre être.

Ce halo orangé, trônant sans soleil, peut s’apparenter au voile de l’illusion. C’est le règne de l’incertitude, où le chemin se fait flou, la réalité se brouille et où les mirages prennent vie. Votre quête d’une oasis salvatrice est vouée à l’échec, car tel est le jeu de l’illusion, promesse éphémère.

L’effondrement, le désespoir, annoncent la fin du vieil homme, le lâcher prise. Vous n’avez plus la force de fuir ou de combattre. C’est l’abandon, la capitulation face à cette épreuve. Puis vient la pluie, ce nectar de vie dans la chaleur suffocante. Comme une bénédiction divine ou le signe d’une prise de conscience interne. Vous vous réconciliez avec votre âme assoiffée, vous coulez en parfaite harmonie avec l’univers. Le monde extérieur n’est plus votre adversaire, mais votre miroir.

Vous n’êtes plus un voyageur solitaire dans ce désert, vous êtes le désert lui-même, témoin de ses merveilles et de ses richesses insoupçonnées. Le calme succède à la tempête, le clair de la connaissance prend le relais de la confusion.

Recevez ces mots comme une réponse à votre appel intérieur, un guide pour marcher le chemin de l’ermitage éclairé. Rappelez-vous : « L’oasis est un éclat de beauté, d’autant plus lumineux et précieux qu’elle émerge de l’aridité implacable du désert, tel un joyau révélé par le contraste de son écrin de sable ».

Puissiez-vous trouver votre oasis, cher Nour.

Albert.